La conception de la propreté a évolué, s’éloignant d’une lutte systématique contre les microbes pour adopter une approche plus nuancée visant à préserver l’équilibre du microbiote. La peau, loin d’être une simple surface inerte, héberge un microbiote cutané composé de bactéries, champignons et virus bénéfiques, protégé par le film hydrolipidique constitué de sébum et de sueur.
Cet écosystème représente une barrière essentielle contre les infections, la déshydratation et les agressions extérieures. Une hygiène excessive ou trop abrasive peut altérer ce film protecteur et déséquilibrer le microbiote, entraînant divers troubles cutanés : sécheresse, irritations, démangeaisons, eczéma, dermatite atopique, et augmentation de la vulnérabilité aux infections. Il convient donc de privilégier un nettoyage modéré, respectueux de l’intégrité cutanée.
TOILETTE CORPORELLE COMPLÈTE (DOUCHE/BAIN)
Horaires
Le choix entre une douche matinale ou vespérale relève essentiellement des préférences individuelles, aucune supériorité médicale n’ayant été démontrée.
*Douche du matin* : Stimulante, elle facilite le réveil, permet d’éliminer la transpiration nocturne et convient particulièrement aux personnes à peau grasse.
*Douche du soir* : Relaxante, elle favorise l’endormissement grâce à la baisse de température corporelle post-douche. Elle est recommandée pour éliminer saletés, allergènes, pollution et sueur accumulés au cours de la journée, participant ainsi au maintien de l’équilibre du microbiote durant la nuit.
Fréquence
Aucune directive médicale n’exige une douche complète quotidienne pour la population générale, cette fréquence relevant principalement de normes sociales et de confort.
Pour une personne sédentaire vivant dans un climat tempéré sans sudation excessive, une douche tous les deux ou trois jours est suffisante sur le plan médical.
Une douche quotidienne reste acceptable si elle demeure courte (moins de 5 minutes), avec une eau tiède (<37°C) et l’utilisation d’un produit doux.
L’adaptation de la fréquence doit tenir compte de l’activité physique, du climat, du type de peau et du contexte professionnel.
Il est déconseillé de prendre plusieurs douches complètes par jour afin de préserver le microbiote cutané.
Modalités et ingrédients
Température de l’eau : Ne pas dépasser 39 °C afin de ne pas altérer le film hydrolipidique.
Douches froides : Peuvent améliorer l’humeur via la sécrétion d’endorphines, abaisser la température corporelle et stimuler l’immunité.
Bains chauds : Contribuent à la relaxation psychique et peuvent réduire l’anxiété ; leur usage fréquent est associé à un moindre risque cardiovasculaire.
Consommation d’eau : Une douche consomme en moyenne 20 à 60 litres d’eau chaude, contre 120 à 250 litres pour un bain.
Eau seule : Suffisante pour éliminer la sueur, la poussière et les cellules mortes, elle perturbe peu le microbiote mais ne retire pas les corps gras.
Produits lavants : Indispensables pour ôter excès de sébum, pollution ou résidus de produits cosmétiques. Leur sélection est déterminante.
À éviter :
Les savons traditionnels à pH alcalin (savon de Marseille) qui fragilisent la barrière cutanée en raison de leur pH non adapté (8-10 versus 5,5 pour la peau).
Recommandations dermatologiques : Employer des nettoyants doux à pH neutre ou physiologique.
"Savons sans savon" (syndets) : Gels ou pains au pH ajusté, efficaces et non décapants.
Huiles lavantes : Recommandées pour peaux sèches ou sensibles, elles garantissent un nettoyage doux tout en préservant la protection cutanée.
Savons surgras : Richement formulés en agents nourrissants, ils présentent une alternative moins agressive que les savons classiques.
CONCLUSIONS
L’utilisation de l’eau seule suffit pour un rinçage superficiel, mais un nettoyage efficace — notamment en milieu urbain ou après une activité sportive — requiert un produit doux, adapté au pH cutané. Le choix judicieux des produits prime sur leur élimination systématique.
TOILETTE CIBLÉE (DITE "DE CHAT")
Cette méthode est généralement recommandée pour équilibrer l’hygiène et la préservation de la peau.
Modalité : Nettoyer quotidiennement à l'aide d’un gant de toilette et d’un nettoyant doux uniquement les zones sujettes à la transpiration et à la prolifération bactérienne : aisselles, parties génitales, pieds et visage.
Le reste du corps peut être rincé à l’eau ou lavé moins fréquemment.
Hygiène Bucco-Dentaire
Les recommandations visent à préserver le microbiote buccal ainsi que la santé des dents et des gencives.
Fréquence : Brosser les dents deux fois par jour pendant deux minutes avec un dentifrice fluoré. Un brossage après chaque repas est conseillé.
Pourquoi : Le brossage élimine la plaque dentaire, responsable des caries et maladies gingivales.
Autres notions :
L’utilisation du fil dentaire ou de brossettes interdentaires est recommandée.
Le microbiote buccal et la santé bucco-dentaire sont susceptibles d’influencer certaines fonctions cognitives au cours du vieillissement ; certaines bactéries étant associées à de meilleurs résultats mémoriels, d’autres à un déclin. Le gène APOE4, facteur de risque d’Alzheimer, pourrait également affecter cette composition bactérienne. Si la causalité n’est pas établie, ces données soulignent l’importance de l’hygiène dentaire pour la santé cérébrale.
Certaines bactéries orales interviennent dans la transformation des nitrates alimentaires en molécules bénéfiques à la circulation sanguine et la fonction cérébrale.
Une alimentation déséquilibrée et/ou une hygiène bucco-dentaire insuffisante entraînent un déséquilibre de la flore et exposent à des risques d’infections comme les caries, la gingivite ou la parodontite.
Des visites régulières chez le dentiste, la limitation de la consommation de sucre et l’absence de tabac sont conseillées.
Interactions Parents-Enfants :
Les mères ayant une mauvaise santé dentaire présentent un risque accru d’accouchement prématuré ou de faible poids de naissance pour leur enfant.
Le nettoyage dentaire peut commencer dès six mois à l’aide d’un tissu doux, deux fois par jour après les repas et avant le coucher. Il est préférable de ne pas mettre de liquide sucré dans le biberon d’un bébé avant le repos nocturne.
Interactions dans le couple :
Le microbiote buccal des conjoints vivant ensemble tend à devenir similaire. Un état dépressif chez un conjoint pourrait influencer celui de l’autre, en lien avec l’axe microbiote-cerveau.
Hygiène des Yeux
Modalité et Ingrédients :
Nettoyage doux et externe : Utilisez une compresse stérile (ou du coton propre) imbibée d’eau tiède bouillie puis refroidie, ou de sérum physiologique. Essuyez l’œil de l’intérieur vers l’extérieur, en utilisant une nouvelle compresse pour chaque œil afin de limiter la transmission des infections. Cette méthode retire sécrétions et impuretés tout en évitant l’irritation de la cornée.
À éviter : Éviter de frotter ou d’employer des produits agressifs (savon, cosmétiques non adaptés). Ne pas toucher les yeux avec des mains non lavées.
Démaquillage : Employer un démaquillant doux adapté aux yeux si besoin. Retirer le maquillage avant le sommeil limite l’obstruction des glandes, l’irritation et les risques d’infection ou de troubles visuels.
Hygiène des Oreilles
Modalité et Ingrédients :
Nettoyage externe uniquement : Laver le pavillon et l’arrière de l’oreille avec un savon doux et de l’eau tiède lors de la douche ou du bain. Sécher délicatement avec une serviette propre.
Cérumen : Le cérumen constitue une protection naturelle, généralement évacuée spontanément.
À bannir : Ne pas introduire de cotons-tiges ou d’objets dans l’oreille, cela favorisant l’accumulation du cérumen, des blessures ou une perforation tympanique.
Bouchons de cérumen : Pour toute gêne, consulter un professionnel de santé qui pourra prescrire des gouttes adaptées ou réaliser un lavage auriculaire.
Séchage : Après la douche ou le bain, incliner doucement la tête et sécher l’oreille externe à l’aide d’une serviette propre. Une humidité résiduelle augmente le risque d’infections.
Hygiène Nasale
Fréquence et Modalité :
En période normale :
Pourquoi : Éliminer poussières, allergènes et polluants, maintenir l’humidité des muqueuses et favoriser la filtration naturelle.
Adultes : Réaliser un entretien quotidien matin et soir, ou selon les besoins, à l’aide de sprays d’eau de mer isotonique ou de sérum physiologique. Les pots Neti ou poires permettent une irrigation plus complète. S’incliner au-dessus d’un lavabo, introduire la solution dans la narine supérieure et laisser s’écouler par l’autre narine en gardant la bouche entrouverte. Répéter de l’autre côté, puis se moucher doucement.
Enfants (et bébés) : Entretien possible quotidiennement, particulièrement après exposition à la pollution ou aux allergènes. Fréquence accrue en cas d’encombrement nasal. Employer du sérum physiologique en dosettes ou sprays adaptés à l’âge. Pour les nourrissons, allonger sur le côté ou le dos, tête légèrement inclinée, verser la solution dans la narine supérieure, puis changer de position. Utiliser un mouche-bébé si nécessaire. Pour les enfants plus âgés, employer la technique adulte avec la pression adaptée.
En cas d’épidémie :
Pourquoi : Réduire la charge virale ou bactérienne, limiter la transmission et atténuer les symptômes.
Fréquence : Augmenter les lavages (jusqu’à 3–4 fois par jour voire davantage).
Ingrédients : Solutions salines isotoniques pour l’entretien courant, hypertoniques pour le nez bouché.
Autres : Ne pas partager les dispositifs d’irrigation et bien les nettoyer après usage. Se laver les mains avant et après. L’irrigation nasale est complémentaire au traitement médical, sans effet curatif.
Sécrétions Nasales :
Mucus normal : La muqueuse nasale produit environ un litre de mucus par jour, qui piège les particules étrangères et participe à la défense immunitaire.
En cas d'infection/inflammation :
La production de mucus augmente et son apparence varie : clair et abondant (allergie/début viral), blanc (congestion/inflammation), jaune ou vert (réponse immunitaire active). Les sécrétions deviennent plus épaisses et difficiles à évacuer.
Contagiosité : Les sécrétions contiennent des agents infectieux et sont transmissibles.
Transmission : Par contact direct ou indirect via surfaces contaminées.
Limitation de la propagation : Hygiène fréquente des mains, éternuer/tousser dans le coude, usage de mouchoirs jetables, éviter de toucher le visage, nettoyage régulier des surfaces.
Hygiène des Cheveux
Fréquence de lavage :
Adaptée au type capillaire, à l’activité et à l’environnement (de quotidien à bihebdomadaire).
Un lavage excessif dessèche cheveux et cuir chevelu ; un lavage insuffisant entraîne une accumulation de sébum, de particules et de cellules mortes.
Modalité et Ingrédients :
Produits : Choisir un shampoing et un après-shampoing correspondant à la nature du cheveu. Des produits inadaptés peuvent irriter le cuir chevelu ou altérer l’aspect du cheveu.
Application : Appliquer une faible quantité de shampoing sur le cuir chevelu, masser doucement du bout des doigts. L’après-shampoing s’applique sur les longueurs si nécessaire.
Rinçage : Rincer minutieusement à l’eau tiède ou fraîche pour éliminer tous résidus.
Séchage : Tamponner délicatement avec une serviette propre. En cas d’usage d’un appareil chauffant, privilégier une température modérée et tenir à distance raisonnable.
Brossage : Démêler régulièrement, stimuler la circulation sanguine et répartir le sébum. Utiliser une brosse adaptée et démarrer par les pointes.
Hygiène des Mains
Modalités et fréquence :
Lavage eau et savon :
Durée : Au moins 30 secondes.
Quand :
Pourquoi : Le savon et l’eau assurent l’élimination mécanique des saletés, sébum et micro-organismes lors du rinçage.
Moments clés : Après les toilettes, après s’être mouché/toussé/éternué, avant/après avoir mangé ou manipulé de la nourriture, après contact avec des déchets ou des surfaces possiblement contaminées, avant/après rendre visite à une personne malade, manipuler des médicaments, soigner une plaie, en rentrant chez soi.
Solutions hydroalcooliques (SHA) :
Quand : Alternative lorsque l’eau et le savon sont indisponibles et en l’absence de souillures visibles, notamment en milieu hospitalier.
Composition et action : Composées d’au moins 60% d’alcool, elles agissent par dénaturation protéique. Elles ne retirent pas les salissures.
Utilisation : Fréquente en complément ou substitution lorsqu’indiqué.
Points clés : Le lavage à l’eau et au savon demeure la référence. Les SHA constituent un substitut sur des mains non souillées.
Survie des virus et bactéries sur les mains :
Facteurs : Varient selon le micro-organisme, l’environnement et la surface.
Exemples :
Les virus respiratoires et rotavirus persistent sur les mains plusieurs heures. Le rotavirus survit plus de 15 jours sur surfaces.
Les virus grippaux peuvent rester actifs quelques minutes sur les mains, jusqu’à 48 heures sur surfaces.
Des bactéries telles que Staphylococcus aureus survivent plusieurs heures sur la peau.
Le SARS-CoV-2 persiste sur plastique et acier inoxydable deux à trois jours, sur carton 24 heures, mais disparaît plus vite sur la peau.
Impact : Les mains et les ongles participent majoritairement à la transmission des agents pathogènes. Le respect des mesures d’hygiène manuelle réduit efficacement la diffusion des maladies infectieuses.