L’EXERCICE PHYSIQUE
L’ESSENTIEL
L’exercice physique présente des bénéfices à tout âge et, lorsqu’il est débuté progressivement avec un suivi médical, améliore rapidement l’humeur, l’énergie et l’endurance, tandis que la force musculaire demande 4 à 6 semaines pour des progrès visibles et la perte de poids plusieurs mois. Des pratiques comme l’échauffement et les étirements limitent les risques de blessure et favorisent la flexibilité, et les avantages pour la santé s’accumulent sur le long terme.
L'exercice physique est un pilier fondamental de la santé et du bien-être à tout âge. Il a des effets profonds sur de multiples systèmes de l'organisme.
- Quand ?
- Il n'y a pas de "meilleur" moment universel pour faire de l'exercice, cela dépend des préférences individuelles, de l'emploi du temps et des objectifs. Cependant, voici quelques considérations :
- Régularité : La clé est la régularité. Il est plus bénéfique de faire de l'exercice régulièrement, même par courtes sessions, que de faire de longues séances occasionnelles.
- Moment de la journée :
- Matin : Peut aider à stimuler le métabolisme, à améliorer la concentration et à définir un ton positif pour la journée. Moins de distractions.
- Après-midi : Le corps est souvent plus réveillé et plus chaud, ce qui peut améliorer les performances et réduire le risque de blessures. Peut être un bon moyen de relâcher le stress après le travail.
- Soir : Peut aider à libérer le stress accumulé. Cependant, l'exercice intense juste avant le coucher peut perturber le sommeil chez certaines personnes.
- Durèe ?
- L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande pour les adultes :
- o Au moins 150 minutes d'activité physique d'intensité modérée par semaine, ou 75 minutes d'activité physique d'intensité vigoureuse par semaine, ou une combinaison équivalente.
- o Des activités de renforcement musculaire au moins 2 fois par semaine.
- Comment ?
- La manière de pratiquer l'exercice dépend des objectifs (santé générale, perte de poids, performance sportive, gestion du stress) et des préférences personnelles. Une approche équilibrée intègre différents types d'activités :
- Activités d'endurance (cardio) :
- Description : Augmentent le rythme cardiaque et respiratoire. Améliorent la santé cardiovasculaire et pulmonaire.
- Exemples : Marche rapide, jogging, natation, vélo, danse, aérobic, corde à sauter.
- Fréquence/Durée : 3-5 fois par semaine, 30-60 minutes par session.
- Intensité : Modérée (on peut parler mais pas chanter) à vigoureuse (on a du mal à parler).
- Activités de renforcement musculaire :
- Description : Améliorent la force et la masse musculaire, la densité osseuse et le métabolisme.
- Exemples : Musculation avec poids ou bandes de résistance, exercices au poids du corps (pompes, squats, fentes, planches), yoga (certaines formes), pilates.
- Fréquence/Durée : 2-3 fois par semaine, 20-30 minutes par session.
- Intensité : Jusqu'à fatigue musculaire, avec une bonne forme.
- Activités de flexibilité et d'équilibre :
- Description : Améliorent l'amplitude de mouvement des articulations, réduisent le risque de blessures et améliorent la posture. Particulièrement importantes avec l'âge.
- Exemples : Étirements statiques et dynamiques, yoga, tai-chi, pilates.
- Fréquence/Durée : Quotidiens ou presque, 5-10 minutes par session.
- Activités de pleine conscience (mind-body) :
- Description : Combinaison de mouvement, de respiration et de concentration mentale. Réduit le stress, améliore la conscience corporelle.
- Exemples : Yoga, tai-chi, qi gong.
- Fréquence/Durée : Selon les préférences, peut compléter d'autres activités.
- Conseils pratiques pour débuter ou maintenir une activité :
- Consultation médicale : Toujours consulter un professionnel de santé avant de commencer un nouveau programme d'exercice, surtout en cas de conditions médicales préexistantes.
- Progressivité : Commencer lentement et augmenter progressivement l'intensité, la durée et la fréquence.
- Variété : Varier les types d'exercices pour éviter l'ennui et solliciter différents groupes musculaires.
- Plaisir : Choisir des activités que l'on apprécie pour favoriser la régularité.
- Écoute du corps : Reposer le corps en cas de douleur ou de fatigue excessive.
- Pourquoi l'exercice physique est-il bénéfique ? (Mécanismes et Résultats)
- L'exercice physique agit sur de multiples systèmes physiologiques et psychologiques, expliquant ses vastes bénéfices :
- Santé Cardiovasculaire :
- Pourquoi : Renforce le muscle cardiaque, améliore l'efficacité de la pompe, réduit la tension artérielle, augmente le "bon" cholestérol (HDL) et diminue le "mauvais" (LDL) et les triglycérides.
- Résultats : Réduit considérablement le risque de maladies cardiaques (infarctus, AVC), d'hypertension artérielle et d'insuffisance cardiaque.
- Gestion du Poids et Métabolisme :
- Pourquoi : Brûle des calories, augmente la masse musculaire (qui consomme plus d'énergie au repos), améliore la sensibilité à l'insuline (meilleure régulation de la glycémie).
- Résultats : Aide à maintenir un poids sain, prévient et aide à gérer le diabète de type 2.
- Santé Musculo-squelettique :
- Pourquoi : Renforce les os (prévention de l'ostéoporose par stimulation des ostéoblastes), les muscles et les articulations, améliore la flexibilité et l'équilibre.
- Résultats : Réduit le risque de chutes et de fractures, soulage les douleurs articulaires (arthrose), améliore la posture et la mobilité.
- Santé Mentale et Cognitive :
- Pourquoi : Libère des endorphines (hormones du bien-être), réduit le stress et l'anxiété, améliore le sommeil, stimule la neurogenèse et la connectivité neuronale.
- Résultats : Diminution des symptômes de dépression et d'anxiété, amélioration de l'humeur, de la mémoire, de la concentration et des fonctions cognitives. Réduction du risque de déclin cognitif et de maladies neurodégénératives comme Alzheimer.
- Système Immunitaire :
- Pourquoi : L'exercice modéré stimule la circulation des cellules immunitaires, améliorant la surveillance et la réponse de l'organisme aux infections.
- Résultats : Réduit la fréquence et la gravité des infections courantes (rhumes, grippes). Attention : l'exercice intense et prolongé sans récupération adéquate peut temporairement affaiblir le système immunitaire.
- Prévention des Cancers :
- Pourquoi : Aide à maintenir un poids sain (l'obésité est un facteur de risque de plusieurs cancers), réduit l'inflammation chronique, améliore la régulation hormonale.
- Résultats : Réduit le risque de certains cancers (colon, sein, endomètre, prostate).
- Adaptation aux Différents Âges de la Vie
L'exercice physique doit être adapté aux capacités physiques, aux besoins et aux objectifs spécifiques de chaque tranche d'âge.
- Enfance et Adolescence (6-17 ans) :
- Objectif : Développement harmonieux, coordination, force, endurance, habiletés motrices et habitudes saines.
- Recommandations : Au moins 60 minutes d'activité physique d'intensité modérée à vigoureuse par jour. Varier les activités (jeux actifs, sports d'équipe, natation, vélo, danse) pour développer l'agilité, l'équilibre et la force.
- Adultes (18-64 ans) :
- Objectif : Maintien de la santé cardiovasculaire, musculaire et osseuse, gestion du poids et du stress, prévention des maladies chroniques.
- Recommandations : 150-300 minutes d'activité aérobie d'intensité modérée ou 75-150 minutes d'intensité vigoureuse par semaine, plus des activités de renforcement musculaire 2 fois par semaine. Intégrer des activités dans le quotidien (marche active, escaliers).
- Seniors (65 ans et plus) :
- Objectif : Maintien de la mobilité, de l'équilibre, de la force musculaire et de la densité osseuse pour prévenir les chutes et maintenir l'autonomie. Amélioration de la fonction cognitive.
- Recommandations : Mêmes recommandations que les adultes, si la condition physique le permet. Priorité aux exercices d'équilibre (tai-chi, marche sur une ligne), de renforcement musculaire (avec des charges légères ou élastiques), et de flexibilité. Adapter l'intensité et la durée. Consulter un médecin pour des conseils personnalisés.
- Motivation :
- La motivation est souvent le plus grand défi. Voici des stratégies :
- Fixer des objectifs réalistes et mesurables : Plutôt que "je veux être en forme", essayez "je vais marcher 30 minutes 3 fois par semaine pendant un mois".
- Trouver des activités plaisantes : Si l'exercice est une corvée, il sera difficile de s'y tenir. Essayer différents sports ou activités.
- Varier les plaisirs : Changer de routine pour éviter l'ennui.
- Faire de l'exercice avec un partenaire ou en groupe : La responsabilité mutuelle et l'aspect social peuvent être de puissants moteurs.
- Intégrer l'exercice dans le quotidien : Utiliser les escaliers, marcher pour les courtes distances, faire du vélo pour se rendre au travail.
- Récompenses non alimentaires : S'offrir un nouvel équipement de sport, un massage, ou du temps pour soi après avoir atteint un objectif.
- Suivre ses progrès : Utiliser une application, un carnet ou une montre connectée pour visualiser les améliorations. Cela renforce le sentiment d'accomplissement.
- Comprendre les bénéfices : Rappelez-vous régulièrement pourquoi vous faites de l'exercice (énergie, humeur, santé à long terme).
- Être indulgent avec soi-même : Si une séance est manquée, ne pas abandonner. Reprendre le lendemain.
- Danger ?
- S'il est mal adapté, trop intense trop rapidement, ou pratiqué sans échauffement/récupération.
- Les blessures (musculaires, articulaires) sont le risque principal.
- Les problèmes cardiovasculaires graves sont rares mais possibles chez les personnes à risque non dépistées.
- D'où l'importance de la progressivité et de la consultation médicale.
- Âge limite pour commencer l'exercice ?
- Il n’y a pas de limites. Les bénéfices de l'exercice sont visibles à tout âge. Commencer même modérément améliore la qualité de vie, réduit le risque de maladies et maintient l'autonomie en respectant encore plus l'échauffement qui prépare le corps à l'effort, augmente le flux sanguin vers les muscles et réduit le risque de blessures. Les étirements après l'effort peuvent améliorer la flexibilité et réduire les courbatures.
- Résultats ?
- Cela dépend des objectifs.
- Humeur/Énergie : Souvent en quelques jours/semaines.
- Endurance : 2-4 semaines pour sentir une amélioration.
- Force musculaire : 4-6 semaines pour des gains perceptibles.
- Perte de poids/Composition corporelle : Plus long, plusieurs mois, et dépend beaucoup de l'alimentation.
- Santé à long terme : Les bénéfices protecteurs s'accumulent sur des années.
COMPÉTITIONS
L’ESSENTIEL
La compétition est un moteur à la fois puissant et ambivalent chez l’être humain. Elle peut pousser au dépassement de soi, à la reconnaissance sociale et au plaisir du jeu, mais comporte aussi des risques comme le stress, la perte d’estime de soi ou la rivalité destructrice. D’origine biologique, la compétition pour la survie s’est transformée avec la civilisation grâce à l’éducation et l’instauration de règles collectives, permettant de canaliser cette pulsion vers des formes plus constructives comme le sport ou la quête d’excellence personnelle.
Cependant, les règles qui encadrent la compétition reflètent souvent des rapports de force et leur légitimité peut être contestée, notamment lorsqu’elles sont invoquées de façon abusive pour asseoir un pouvoir, comme dans le cas du harcèlement ou de la manipulation narcissique.
La compétition peut aussi générer du stress chronique, nuisant à la santé physique et mentale.
À l’échelle collective, la compétition renforce la cohésion des groupes, stimule le progrès, mais peut dégénérer en conflit destructeur si elle n’est pas bien encadrée. La clé réside dans la canalisation consciente et responsable de cette énergie, en privilégiant la coopération et l’exemplarité pour évoluer vers des modèles plus équilibrés et sains, tout en acceptant que la compétition fasse partie de notre nature profonde.
- Compétition et stress chronique : le lien direct
- La compétition, qu'elle soit consciente ou inconsciente, est une source majeure de stress. Il est important de faire la distinction entre le stress aigu et le stress chronique.
- Le stress aigu est une réponse ponctuelle et temporaire. Par exemple, juste avant un sprint, notre corps libère de l'adrénaline et du cortisol pour nous préparer à l'effort. C'est un mécanisme sain et adaptatif qui, une fois l'événement terminé, s'arrête et permet au corps de revenir à la normale.
- Le stress chronique, en revanche, est un état de tension prolongé. Il survient lorsque la pression de la compétition est constante, sans périodes de récupération suffisantes. C'est le cas pour un athlète qui s'entraîne en permanence pour un objectif lointain, ou pour un cadre soumis à des objectifs de performance sans répit.
- Les effets sur la santé et l'espérance de vie
- L'exposition prolongée au stress chronique, notamment celle générée par un environnement de compétition intense, entraîne des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale :
- Impact sur le système cardiovasculaire : Un niveau élevé et constant de cortisol peut augmenter la pression artérielle et le rythme cardiaque, ce qui augmente le risque de maladies cardiovasculaires comme l'hypertension et l'infarctus.
- Affaiblissement du système immunitaire : Le stress chronique affecte le système immunitaire, rendant l'organisme plus vulnérable aux infections.
- Troubles du sommeil : L'anxiété liée à la compétition peut perturber le sommeil, ce qui empêche le corps et l'esprit de récupérer, créant ainsi un cercle vicieux.
Risques psychiques : La pression de la performance peut mener à l'épuisement professionnel (burnout), à la dépression, et à l'anxiété généralisée.
- Les motivations de la compétition
- Pourquoi les êtres humains ressentent-ils ce besoin de se mesurer aux autres, ou à eux-mêmes ?
- Les motivations sont multiples et complexes :
- Le dépassement de soi : Pour beaucoup, la compétition est avant tout un moyen de se confronter à ses propres limites. Que ce soit en sport, au travail, ou dans un domaine créatif, la recherche de la performance nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes. C'est la satisfaction d'avoir accompli quelque chose qu'on pensait impossible.
- La reconnaissance sociale : Gagner ou réussir est souvent associé à un statut social. La victoire apporte l'admiration, le respect, et une place au sein d'un groupe. C'est un puissant moteur qui flatte notre ego et renforce notre sentiment de valeur.
- Le plaisir du jeu : La compétition peut être perçue comme un jeu. L'enjeu et les règles claires peuvent être amusants et stimulants, et la victoire procure une grande satisfaction. C'est souvent le cas dans les jeux de société, les sports amateurs, etc.
- La survie : À un niveau plus fondamental, la compétition est ancrée dans notre biologie. Dans la nature, les espèces et les individus sont en compétition pour les ressources, la reproduction et la survie. Chez l'homme, cette pulsion primitive a évolué et se manifeste dans des domaines plus subtils que le simple combat physique.
- Les conséquences, positives et négatives
- Les effets de la compétition peuvent être très différents, selon la situation et la personnalité de l'individu.
- Les bénéfices :
- Motivation et persévérance : La compétition nous pousse à nous améliorer et à ne pas abandonner.
- Développement des compétences : Qu'elle soit physique ou intellectuelle, elle oblige à affûter ses talents et à apprendre.
- Respect des règles : Dans un cadre sain, elle apprend l'équité, le respect de l'adversaire et l'importance des règles.
- Les risques :
- Stress et anxiété : La pression de la performance peut générer un stress immense, voire de l'épuisement (burn-out).
- Perte de l'estime de soi : La défaite peut être difficile à accepter et miner la confiance en soi, surtout si l'on se définit uniquement par ses succès.
- Rivalité et agressivité : Une compétition malsaine peut engendrer de la jalousie, de la tricherie, voire de l'agressivité envers les autres.
- La compétition est une force double, capable du meilleur comme du pire. Elle peut nous élever au-delà de nous-mêmes, mais aussi nous enfermer dans un cycle de pression et de comparaison constante.
- De la compétition pour la survie à la compétition "civilisée"
- D'un point de vue évolutif, la compétition est d'abord une question de survie. Dans la nature, elle se manifeste par :
- La compétition pour les ressources : Les animaux se battent pour la nourriture, le territoire, ou l'accès aux points d'eau.
- La compétition pour la reproduction : Le choix d'un partenaire est souvent le résultat d'un affrontement, qu'il soit symbolique ou physique (pensons aux combats de cerfs).
- C'est une compétition sans pitié, où la défaite peut signifier la mort ou l'impossibilité de se reproduire. Cette forme de compétition est destructrice dans la mesure où elle n'a pas pour but de faire grandir l'adversaire, mais de le surpasser, voire de l'éliminer.
- Le rôle de la civilisation et de l'éducation
- L'être humain, avec le développement du langage, de la culture et de la pensée abstraite, de la maitrise des ressources, de l’appréciation des dangers, a transformé cette pulsion primitive. L'éducation, les codes sociaux et les règles (qu'elles soient sportives ou légales) sont les outils que nous avons créés pour canaliser et réguler cette tendance naturelle à la compétition.
- La règle comme rempart : En sport par exemple, les règles interdisent de blesser l'adversaire, de tricher, ou de manquer de respect.
- Elles transforment un combat pour la survie en un jeu de compétences.
- La victoire ne signifie pas la mort de l'autre, mais simplement la reconnaissance de sa supériorité à un moment donné et dans un cadre précis.
- La finalité : Dans une compétition saine, l'objectif n'est plus seulement de vaincre l'adversaire, mais de se surpasser soi-même et de s'améliorer.
- La performance est célébrée, et non la destruction de l'autre.
- Un bon sportif respecte son adversaire, car il sait que c'est grâce à lui qu'il a pu se dépasser.
- La compétition saine pourrait être vue comme une "forme sublimée" de la compétition destructrice.
- Elle ne fait pas disparaître l'agressivité ou la volonté de vaincre, mais elle les détourne de leur but primitif (la destruction) pour les orienter vers une finalité plus constructive (le dépassement, la reconnaissance).
- L'éducation et la civilisation ne font pas disparaître l'instinct de compétition, mais elles nous apprennent à le gérer pour en tirer des bénéfices sans les aspects néfastes.
- La devise olympique "L'important, c'est de participer" a un sens moral et social, mais il est en effet en totale contradiction avec l'essence même de la compétition, qui est de gagner.
- Compétition et désir de "toujours plus" (La compétition avec soi-même)
- Le désir de "toujours plus", n'est pas un concept nouveau, mais il est de plus en plus prédominant dans nos sociétés. Vous maîtrisez un concept, vous en apprenez un autre.
- C'est une quête d'amélioration continue, une recherche d'excellence personnelle.
- Ce phénomène se distingue de la compétition au sens strict (se mesurer à un adversaire) par son point de référence :
- Compétition externe : L'objectif est de surpasser l'autre. La réussite est relative, elle dépend des performances de l'adversaire. La satisfaction vient de la victoire.
- Compétition interne : L'objectif est de surpasser sa propre performance passée. La réussite est absolue, elle dépend uniquement de soi.
- La satisfaction vient du dépassement de soi.
- Cette forme de compétition interne est une force motrice essentielle du progrès, que ce soit pour l'individu ou pour la société. C'est elle qui pousse les athlètes à battre des records, les scientifiques à faire de nouvelles découvertes, et chacun d'entre nous à développer de nouvelles compétences.
- En résumé le "toujours plus" c’est:
- Le Dépassement de soi : C'est le terme le plus courant et le plus pertinent. Il évoque l'idée de repousser ses propres limites, qu'elles soient physiques ou mentales.
- Le Progrès : Ce mot met l'accent sur l'amélioration et l'évolution. Il est plus neutre et moins lié à la notion d'effort personnel.
- L’Auto-compétition : C'est un terme que l'on utilise parfois pour décrire le fait de se mesurer à soi-même. Il a l'avantage de souligner la dimension compétitive de l'effort.
- La Quête d'excellence : Cette expression met en avant la recherche d'une performance optimale. Elle s'applique particulièrement bien aux domaines artistiques et intellectuels.
- Ces termes montrent bien que le désir de "toujours plus" n'est pas qu'un trait de caractère, mais une force qui nous pousse à nous améliorer sans cesse, même sans adversaire direct.
- Il s'agit d'une compétition saine par excellence, car elle est intrinsèquement liée à notre propre développement.
- L’extension de la compétition à un niveau collectif (groupes, nations, voire des blocs de pays) donne naissance à des enjeux amplifiée
- La compétition entre groupes : un moteur de cohésion
- À l'échelle collective, la compétition est un puissant facteur de cohésion. Un groupe uni par un objectif commun — que ce soit une équipe sportive, une entreprise ou une nation — développe un sentiment d'appartenance et d'identité.
- Renforcement de l'identité : La compétition contre un "adversaire" extérieur renforce les liens internes du groupe.
- Elle nous pousse à nous définir par rapport à un "eux", ce qui cimente le "nous".
- C'est un phénomène que l'on observe dans le sport, où les supporters se sentent partie prenante de la victoire de leur équipe.
- Effort collectif : Elle motive les membres d'un groupe à travailler ensemble, à se soutenir mutuellement pour atteindre la victoire. L'effort de chacun contribue au succès de tous.
- Progrès : La compétition entre nations a été à l'origine de progrès technologiques majeurs, comme la course à l'espace entre les États-Unis et l'URSS. L'envie de prouver sa supériorité a stimulé l'innovation et la recherche.
- Les dangers extrêmes : la guerre
- Le danger de la compétition collective réside dans l'incapacité à la "canaliser".
- Lorsque les règles du jeu disparaissent, que le respect de l'adversaire s'efface, la compétition saine se transforme en conflit destructeur.
- La guerre n'est rien d'autre que la manifestation la plus extrême de la compétition entre nations, où l'objectif n'est plus de gagner un match ou d'être le plus performant, mais de détruire l'adversaire.
- La compétition poussée à l'extrême peut entraîner la déshumanisation de l'adversaire.
- Dans une guerre, l'ennemi n'est plus perçu comme un être humain avec ses propres motivations, mais comme une entité à anéantir.
- Contrairement à une compétition sportive, où des règles claires limitent la violence, la guerre se caractérise par la transgression de ces limites.
- La tricherie, la violence, la cruauté, qui seraient inacceptables ailleurs, deviennent des stratégies pour atteindre la victoire.
- En résumé, la compétition collective est une force à double tranchant. Elle peut être un formidable moteur de progrès et de cohésion, mais elle porte en elle le risque de dérives extrêmement dangereuses. Le défi pour les sociétés est de constamment encadrer cette pulsion pour qu'elle reste dans le domaine de la compétition "saine" et ne bascule pas dans le conflit ouvert.
Les règles
- La canalisation de la compétition par des règles est essentielle, mais cela soulève immédiatement la question fondamentale : qui établit ces règles, et dans l'intérêt de qui ?
- L'idée d'indépendance, souvent utilisée pour justifier l'équité, est en effet un concept à interroger.
- L'origine et l'indépendance des règles
- Les règles ne naissent pas de rien ; elles sont le produit d'un rapport de force, d'une négociation ou d'une décision prise par une entité qui détient le pouvoir.
- Règles du jeu (sport) : Elles sont établies par des fédérations qui sont censées représenter l'ensemble des acteurs (joueurs, clubs, etc.).
- En principe, leur but est d'assurer l'équité et de préserver l'intégrité du jeu.
- Mais même dans ce domaine, on peut observer des conflits d'intérêts ou des polémiques sur le fair-play.
- Règles économiques : Les lois du marché, les traités de commerce, sont le résultat de négociations entre États.
- Les règles qui en découlent peuvent favoriser un pays ou un groupe d'intérêts au détriment d'un autre.
- La compétition économique mondiale n'est donc pas "libre" ; elle est encadrée par des règles qui, si elles sont censées être neutres, sont souvent le reflet de la puissance des nations qui les ont négociées.
- Règles politiques (démocratie) : C'est sans doute là que la question de l'indépendance est la plus importante.
- Les règles électorales, les lois constitutionnelles, sont censées garantir l'équité de la compétition politique.
- Mais dans la pratique, il y a toujours un risque que les règles soient manipulées par le pouvoir en place pour favoriser sa propre survie politique.
- La notion d'indépendance est relative
- L'indépendance, telle qu'elle est souvent évoquée, n'est jamais absolue.
- Elle est toujours relative à quelque chose. Quand un commentateur politique parle de l'indépendance de la justice, il veut dire qu'elle n'est pas soumise au pouvoir exécutif.
- Mais la justice a ses propres règles, ses propres biais, ses propres pressions.
- De même, un arbitre de football est indépendant des deux équipes, mais il n'est pas "indépendant" du règlement du jeu et des instances qui l'emploient.
- La véritable question n'est donc pas de savoir si les règles sont totalement indépendantes, mais de savoir si elles sont légitimes et si leur application est impartiale.
- Légitimité : Les règles sont-elles acceptées par tous les acteurs ? Sont-elles perçues comme justes et équitables ?
- Impartialité : L'application de ces règles est-elle la même pour tout le monde, quelles que soient sa position, sa richesse ou sa puissance ? la manière dont elles peuvent être invoquées pour exercer un pouvoir abusif.
- Le mythe de la légitimité "transcendante"
- Qu'elle vienne de Dieu, d'une autorité supérieure ou d'une loi immuable — a longtemps servi de fondement au pouvoir.
- Le roi de droit divin était incontestable, car ses règles n'étaient pas le fruit d'une négociation humaine, mais de la volonté divine elle-même.
- Dans ce système, la question de l'indépendance ne se posait pas, car l'origine du pouvoir était considérée comme au-dessus de tout.
- Ce modèle a été mis à mal par les révolutions qui ont insisté sur la légitimité populaire.
- Dans une démocratie, les règles ne sont pas "transcendantes" ; elles sont le résultat d'un contrat social, d'un débat et d'un vote. Elles sont donc, en théorie, révisables et contestables.
- Le lien avec le harcèlement et la perversion narcissique
- Invoquer des règles "absolues" : L’harceleur se pose en défenseur de "la bonne conduite", de "la morale", ou de "la vérité" pour justifier ses actions. Il ne se présente pas comme une personne avec des opinions, mais comme le garant de règles quasi divines, incontestables.
- La culpabilisation : En agissant de la sorte, il ne permet aucune contestation. Si vous le remettez en question, c'est que vous remettez en question les "règles divines" qu'il prétend incarner. Il inverse la culpabilité, faisant de vous le problème, et non de lui-même.
- Le déni de débat : L'argumentation du pervers narcissique est un biais qui empêche toute discussion rationnelle. Il n'y a pas de place pour le dialogue, la nuance ou le compromis, car les règles qu'il invoque sont considérées comme non négociables.
- Le biais rhétorique — qui consiste à utiliser des arguments d'autorité "transcendante" pour clore le débat — est un danger constant, que ce soit à l'échelle d'une relation individuelle ou dans le domaine politique. Il sape les fondements même d'une compétition saine, car il nie la possibilité d'une discussion sur l'origine et la légitimité des règles.
La compétition, lorsqu'elle est mal gérée ou qu'elle devient une pression constante, est un facteur de risque pour la santé et peut potentiellement réduire l'espérance de vie en bonne santé.
Il faut insister pour dire que la compétition est sources potentielle d’injustice, elle même facteur du déclenchement de « stress chronique » avec ses conséquences néfastes maintenant bien connue
La compétition humaine : instinct, transformation et exemplarité
Le conflit entre nature et société
Un conflit inévitable persiste entre la nature animale de l’être humain et les aspirations à une société plus harmonieuse. La compétition fait partie intégrante de notre condition, une force primitive jadis vitale pour la survie de l’espèce. Plutôt que de chercher à supprimer cette pulsion, l’enjeu consiste à la canaliser de façon consciente et positive.
Transformer la compétition
Les règles qui gouvernent la société n’ont pas pour but d’abolir la compétition, mais bien de la rendre constructive. Dans le sport, par exemple, elles permettent de convertir l’agression physique en un affrontement d’habiletés et de compétences, valorisant la performance plutôt que la violence. Dans le domaine scolaire, l’accent mis sur la collaboration plutôt que sur la réussite individuelle montre que l’énergie compétitive peut servir au succès collectif. Cette évolution de la conscience humaine transforme la compétition en moteur du progrès, et non en facteur de destruction.
La lutte entre instinct et raison
Trouver l’équilibre entre instinct et raison reste un défi constant. Il faut préserver et améliorer les formes de compétition saines, fondées sur la méritocratie, malgré les obstacles récurrents. Un moyen d’y parvenir réside dans la promotion de groupes exemplaires capables de diffuser leur influence positive à grande échelle, illustrant le concept du changement par l’exemplarité.
Changement par l’exemplarité
L’histoire regorge de mouvements novateurs ou de sociétés modèles qui, par leur efficacité et leur attractivité, se sont imposés comme références. Ainsi, la non-violence s’est révélée parfois plus puissante que la compétition pour le pouvoir, et la coopération en milieu professionnel a permis à certaines organisations de prospérer tout en favorisant la bienveillance et le bien-être. Ces exemples peuvent servir de modèles à suivre.
Évolution et équilibre
Cette transformation des valeurs et des pratiques n’est jamais immédiate : plusieurs générations sont nécessaires pour les ancrer durablement. Cependant, aucune réussite n’est garantie, tant la force de la compétition primitive demeure prête à ressurgir dès que le cadre se fragilise. Le destin de l’humanité semble donc résider non dans l’abandon de la compétition, mais dans la recherche d’un équilibre. Il s’agit de développer l’empathie, l’altruisme et la coopération pour contrebalancer l’esprit de rivalité, un travail perpétuel qui s’impose autant dans la vie quotidienne que dans les grandes orientations politiques.